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14 avril 2009 2 14 /04 /avril /2009 11:54

Ça fait des mois que cette histoire trotte sous sa tête. Elle l'empêche même de dormir parfois.

Son entourage y voit un début de sentiments pointer son nez alors qu'il s'agit de l'inverse : comment se séparer sans risquer de démolir un cœur, une âme ou une personne, toute entière. Pire que ça, les questions s'enchainent si vite qu'elles s'empilent et que plus rien n'a de sens : la bonne décision ? Trop tôt ? Trop tard ? Pourquoi je comment pour...?

Du mal à respirer, des angoisses nocturnes... comme si son instinct de survie lui rappelait qu'il fallait prendre le dessus et, enfin, se délester de ce poids qui nourrit son mal-être.

Chacun (ou presque) aura connu ou connait cet état qui nous pousse à « sauver nos fesses » alors que notre bonne et belle éducation  nous plonge sous des torrents de culpabilité (quand la famille ne s'en mele pas).

Chacun (ou presque) aura connu ou connait l'état qui précéde une rupture. Cette impression qu'on a d'être coincé au fond d'un sac en toile de jute et qu'il n'y a pas d'issue, si ce n'est, quitter quelqu'un qui aura partagé plus que notre matelas.

 

Ouais, tout ça pour ça...

 

Des jours, des semaines, des mois passés à séduire, à draguer, faire comprendre, envisager une approche, tenter une approche, se rapprocher tout court un peu, pas trop, SMSer, appeler, attendre la riposte, espérer, ne plus y croire, entendre sonner ou sentir vibrer alors que rien ne se passe, recevoir finalement, jubiler, réfléchir à la formulation, à ce qu'on va pouvoir dire pour faire à nouveau comprendre que...

Des heures, des jours et parfois même des semaines à rêver, à attendre, à ne plus manger, à ne plus dormir, à oublier l'essentiel, à zapper ses amis, à avoir une espèce d'angine, de grippe, de sinusite, de gastro qui nous envahit de façon chronique. Non ! Les symptômes ne sont pas rythmés par la fréquence des nouvelles de la « partie adverse ». On cherche à ne pas trop y croire, ne pas trop s'emballer, se tempérer, jauger l'ennemi, peser chaque mot, chaque phrase et on finit par voir derrière chaque expression une déclaration de guerre. Voilà, le mot est lâché : c'est la GUERRE ! Céline Dion avait évoqué un ballet, doucement inspiré par JJ Goldman, moi je parle d'un affrontement entre deux parties qui veulent la même chose et qui n'arrivent, que ponctuellement, à s'accorder, les premiers temps, comprennez avant que la relation ne soit déclarée en tant que telle.

Tant qu'on n'a pas, on veut, on en rêve, on y pense sans cesse, , on est obsédé, on est comme hanté, parasité, envahi, dévoré, contaminé par l'envie de posséder, de connaître, de découvrir et de faire subir à l'ennemi une part de nos tourments.

Et puis, enfin... l'affrontement prend fin et les ames sont apaisées.

Oui, mais quand on a, on s'interroge, on est mitigé, partagé, un peu déçu par ce qu'on découvre parce que les terres promises ne sont pas à la hauteur de nos espérances, parce que la vue n'est pas aussi belle que celle, en photo, sur la plaquette de présentation. Cet état n'arrive pas immédiatement après l'invasion des terres ennemies : il est plutôt question de prise de conscience. Un peu comme si, après avoir envahi la Gaule, Jules s'était dit : « Bah non, finalement, j'en veux plus de ce machin boueux. Le vin n'y est pas aussi bon et les femmes pas aussi belles qu'on le dit... ». Déroutant.

Alors, on se force un peu, beaucoup, parfois même, trop. On sent bien que rien ne vibre, rien de pétille, rien ne donne le tournis, le vertige ou de drôles de sensations qui nous rappelle qu'on est vivant, envouté, sous le charme... bref, que ça peut donner quelque chose d'explosif. A peine une étincelle, un vulgaire pétard humide plutôt qu'un spectaculaire tir de roquettes, de lumineux échanges de missiles au milieu de la nuit … La percevez vous, mon image ? Celle qui, un rien verdâtre, a illustré les journaux du 20h pendant les années 90's. Vous l'attendiez, vous l'espériez ? Elle n'est pas au rendez vous !

 

Alors, l'angoisse monte et les mauvaises excuses s'entassent au fur et à mesure que le temps passe. « Non, ce soir, j'ai piscine ! », « Hey, j'ai un ami en détresse, on annule, mais je te rappelle demain, sans faute ! ». Certains sont lâches, cherchent à faire comprendre ou envisagent une trêve presque brutale avec ses partisans sans oser l'exprimer à l'ennemi. D'autres verbalisent mais reviennent sur leurs décisions sitôt les premières larmes versées, au son de leur voix quand elle prononce l'immanquable « je suis désolé(e). ». Il faut savoir rester fort, droit, fidèle à ses décisions et surtout profondément égoïstes pour camper sur cette décision. Le plus facile et le meilleur moyen de se tenir à cette rigueur serait, peut être, d'impliquer une tierce personne (ou plusieurs) dans l'idée de la rupture : les conseils (plus ou moins adaptés) fusent, le soutien est là (parfois trop avec bilan etc.) et surtout on se sent obligé d'aller jusqu'au bout du dépôt des armes puisque l'honneur est en cause.

Finalement, il faudra bien respecter ce que nos sens nous poussent à faire : rompre, car cet état de panique est en totale opposition avec notre bien être, nos envies et notre conception de la vie. Il en va de la survie d'un individu, ou plutôt de sa santé mentale.

C'est cela même, il en va de notre instinct de survie.

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